Contre vents (contraires) et marée (sanitaire), Castel Production fait mieux que survivre
Depuis juin 21, lentement mais sûrement, la reprise des spectacles s’est installée, y compris pour Castel Production. Grâce à des organisateurs fidèles (Les Arts d’Hélion, l’Automobile Club de France, la joaillerie Godechot-Pauliet, la galerie Guillaume, la galerie Lamarque, la mairie d’Arcueil, les Flâneries d’art d’Aix-en-Provence…) et des artistes talentueux et actifs (Franck Amsallem, Darryl Hall, Julien Coriatt, Viktor Nyberg, Anne-Sophie Duprels…), nous sommes à plus de 60 concerts produits en un an !
Finalement, Castel Production est comme un culbuto : on a beau le secouer dans tous les sens, il finit toujours par retrouver son point d’équilibre !
Il y a un mois j’écrivais que le monde du spectacle continuait à rester lamentablement à l’arrêt. Il a suffit de le mettre noir sur blanc pour que l’actualité me donne tort. La machine est repartie ! La Spédidam va réunir une commission le 28 juin et j’ai pu déposer un dossier de demande d’aide avant le 25 mai.
De nombreux organisateurs me demandent d’héberger des spectacles pour les mois de juin, juillet, août, septembre et octobre. C’est aussi inattendu qu’inespéré !
Après quinze mois de quasi jachère, c’est bon de pouvoir rentrer à nouveau des dates dans l’agenda de Castel Production !
À l’heure où nous écrivons ces lignes, une reprise timide des spectacles est annoncée :
« 19 mai : réouverture des salles de spectacles avec public assis (800 INTÉRIEUR, 1000 EXTÉRIEUR) »
Un concert-test va avoir lieu le 29 mai, pour prouver que le respect de gestes simples permet des interactions normales : porter un masque, se laver les mains, se faire tester avant.
CONSÉQUENCE : Castel Production ne pourra pas produire de spectacles avant le 20 septembre, sauf si les organisateurs acceptent de payer plus cher et les artistes de gagner moins…
Restez branchez ; on vous tiendra au courant si les choses reviennent à la normale.
Bientôt va commencer le déconfinement, et avec lui son lot d’incertitudes. Pourquoi ne pas mettre à profit cette page blanche pour essayer de se réinventer ? Plus facile à dire qu’à faire… Et si, en matière d’énergie nouvelle, la musique avait des choses à nous dire ?
La sortie du confinement risque d’être assez chaotique. Pour éviter la déconfiture et tâcher de retrouver un semblant de normalité, certains choisiront le pas à pas. D’autres diront au contraire que la meilleure défense, c’est l’attaque. Qu’il faut se donner de l’air, aller chercher l’oxygène et entreprendre de nouvelles choses. Mais où le trouver, cet oxygène ? Comment se motiver pour croire en l’avenir et se réinventer ?
À défaut d’apporter des réponses, certaines musiques peuvent nous montrer la direction.
John ADAMS
Comme par exemple ces Chairman Dances de John Adams, sous-titrées Fox-trot for Orchestra. Basées sur un principe de notes répétées avec d’infimes changements, elles sont porteuses d’une énergie vivifiante, comme une myriade de bulles éclatant au soleil. Une musique d’extérieur qui donne envie de se lever et de se mettre à l’ouvrage !
City of Birmingham Symphony Orchestra, Simon Rattle (direction)
Jean-Michel JARRE
Avec son album Oxygène, en 1975, le pionnier de la musique sur synthétiseurs annonçait la couleur : “Cet album est le début d’une réflexion écologique qu’on n’est pas nécessairement beaucoup à avoir. On a beaucoup associé ma musique à l’espace, mais elle est pour moi beaucoup plus liée à l’environnement. Ce n’est pas l’espace sidéral mais plutôt l’espace vital à préserver. » (Jean-Michel Jarre).
Comme John Adams, « JMJ » aime que les sons se répètent, mais jamais de la même manière : “J’étais obsédé par l’idée que deux sons sur “Oxygène” ne devraient jamais être exactement les mêmes. Je voulais sentir un battement de cœur, quelque chose d’humain. Chaque son, même s’il semble être le même, a une attaque et un relâchement légèrement différent ».
Cet album exclusivement instrumental a eu un succès phénoménal… et planétaire :
Karl-Heinz STOCKHAUSEN
À la même époque, durant l’hiver 1968, le compositeur allemand de musique électro-acoustique Karl-Heinz Stockhausen va écrire Stimmung, pour six chanteurs a cappella. « Stimmung » vient du mot voix (Stimme), mais signifie aussi atmosphère, ambiance. Or, voici ce qu’en dit Karl-Heinz : « De retour d’un voyage au Mexique, où il faisait très chaud, j’arrive dans la petite maison que ma femme avait louée dans la baie de Madison, dans le Connecticut. Elle y était avec nos deux enfants encore petits, dont un nouveau-né. Rien d’oriental, rien de philosophique : seulement deux bébés, une petite maison, le silence, la solitude, la nuit, la glace (la nature aussi était endormie) : un pur miracle ! »
Avec un travail fascinant sur les différents modes d’émission du son, s’apparentant au chant diphonique et aux chants inuits. Parfois un peu soûlant, comme un trop-plein d’oxygène…
Collegium vocale Köln, Karlheinz Stockhausen (direction)
Chant diphonique mongol
La Mongolie, entre Chine et Russie, pays de steppes, de vent, de silence, d’immensités et de chevaux sauvages… Les shamans, pour calmer le bétail, y pratiquaient le chant diphonique : une note basse gutturale et un contre-chant « éolien » constitué des notes secondaires de cette fondamentale (harmoniques), que le chanteur fait émerger en utilisant ses résonateurs naturels (cavité buccale, sinus et boîte crânienne). Le résultat est assez hallucinant, voir hallucinogène :
LES VOIX BULGARES
Encore une musique des grands espaces, avec les voix bulgares, chœur féminin a cappella chantant des chants traditionnels. On y retrouve des influences grecques, slaves, ottomanes et perses, avec une musique « du nez », extrêmement précise, perçante et dynamisante !
BJÖRK
Dans son dernier album, Utopia, la chanteuse islandaise Björk, au style inclassable, met en scène un monde imaginaire et magique, proche de la nature. La flûte, instrument à vent ancestral de l’humanité, symbole d’une nature vierge, originelle, y est omniprésente. Björk dit que l’apprentissage de la flûte à bec à l’école lui a appris à respirer. La chanson Saint, extraite d’Utopia, est gorgée de flûte et de souffle, ainsi que de chants d’oiseaux de l’Arctique… Un grand bol d’air frais !
EinojuhaniRAUTAVAARA
Les chants d’oiseaux nordiques sont également présents dans Cantus Arcticus, du compositeur finnois Einojuhani Rautavaara. Ces chants de l’Arctique mettent au même niveau sonore l’orchestre et les chants d’oiseaux enregistrés, dans un dialogue constant. La magie vient du fait que la partie orchestrale, simple en elle-même, a été conçue en contrepoint des chants d’oiseaux, comme un commentaire élogieux, pour un résultat nimbé de poésie et de pureté :
Orchestre Philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)
Olivier MESSIÆN
Le compositeur français Olivier Messiæn avait lui aussi besoin de chants d’oiseaux pour son équilibre personnel. Il les prenait même en dictée sur son cahier à portées, et les restituait dans sa musique. Comme dans Le Désert, qui ouvre sa grande fresque Des canyons aux étoiles, écrite à la suite d’un voyage dans l’Utah, aux États-Unis. Certains, quand ils découvrent les canyons américains, en ramènent des photos et des vidéos; d’autres, des compositions musicales !
London Sinfonietta, Paul Crossley (piano), Esa-Pekka Salonen (direction)
Steve REICH
Un autre désert en musique, celui de l’américain Steve Reich. Comme John Adams, il compose de la musique dite minimaliste : des ponctuations sonores répétés de nombreuses fois avec d’infimes variations, le tout générant une grande jouissance rythmique.
Puissent ces musiques élargir vos horizons intérieurs et ouvrir grand le champ de vos possibles !
Brooklyn Philharmonic and Chorus, Michael Tilson-Thomas (direction)
Une playlist lumineuse pour garder la zen attitude, malgré le confinement qui se prolonge…
Maintenir la flamme, tenir dans la durée, malgré les distances imposées, nos habitudes chamboulées et les inquiétudes pour nos proches ? Pas facile. Ces prescriptions musicales pour temps de confinement vont tenter d’y remédier.
Jean-Sébastien BACH
Que diriez-vous du Choral du veilleur, de Jean-Sébastien Bach, pour maintenir la flamme ? Il parle de l’importance de garder sa lampe (à huile) allumée, en référence à la parabole des vierges folles et des vierges sages.
À l’origine, il est tiré de la cantate 140. Les ténors du choeur récitent le choral en notes longues et régulières (le cantus firmus) sur une ligne mélodique continue des violons et des altos (l’ostinato), le tout reposant sur une ligne de basse assurée par l’orgue, le basson et les violoncelles (le continuo). C’est la superposition de ces trois plans qui fait la magie …
Et nous vous mettons au défi de réussir à glisser dans un -futur- dîner les gros mots du jour : cantus firmus, ostinato et continuo 😉 .
Bach Netherlands Society
Ce Choral du veilleur, vous le connaissez sans doute dans sa version pour orgue, transcrit par Bach lui-même. Le cantus firmus des ténors est joué sur un clavier de solo par la main gauche. Les pieds remplacent les violoncelles et la main droite fait la ligne mélodique des cordes. Un.e organiste est vraiment un.e homme.femme orchestre !
Le voici, par Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, co-titulaire des grandes orgues de Saint Eustache à Paris.
Ralph VAUGHAN-WILLIAMS
Pour ce qui est de tenir dans la durée, rien ne vaut l’écoute de The Lark Ascending, du britannique Ralph Vaughan Williams, pour violon et orchestre. Composée en 1914, cette pastorale lyrique, au caractère japonisant, décrit l’ascension d’une alouette dans le ciel : une immense phrase musicale, montant par paliers, dans une large respiration.
Précision importante : les alouettes évoluent aussi haut que les rapaces, en prenant leur envol depuis les champs. Leur décollage est lent et bas, circulaire, puis elles attrapent un courant ascendant et s’élèvent peu à peu, en cercles de plus en plus haut, jusqu’à disparaître dans les hauteurs …
Hilary Hahn (violon solo), Orchestre de la Camerata Salzburg, Louis Langrée (direction)
Maurice RAVEL
Maurice Ravel a, à peu près à la même époque, étiré le temps lui aussi, avec le mouvement lent de son concerto pour piano en Sol majeur. On peut même parler ici de musique cosmique, tant on a l’impression que le soliste tutoie les étoiles …
Admirez l’arrivée -tardive- de l’orchestre, comme ému et gêné de troubler le climat généré par le soliste, tout en réussissant à l’emmener encore plus loin …
Martha Argerich (piano), Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado (direction)
Toujours pour briller dans vos -futurs- dîners, l’instrument à vent qui rentre à 5’57 et dialogue avec le soliste est un cor anglais, sorte de hautbois au long bec …
Hector BERLIOZ
Tout contact physique nous étant interdit, restons avec un orchestre frémissant et frôlant, pour Le spectre de la rose, sublime mélodie d’Hector Berlioz. Le poète, Théophile Gautier en l’occurrence, s’imagine être le spectre de la rose qu’une jeune fille à la poitrine d’albâtre portait hier au bal …
En 1963, la soprano Régine Crespin, à la diction souple et précise, en gravait une version d’exception avec l’orchestre de la Suisse romande, dirigé par Ernest Ansermet :
Régine Crespin (soprano), Orchestre de la Suisse romande, Ernest Ansermet (direction)
Léo DELIBES
Autre moment de félicité florale, le Duo des fleurs de Léo Delibes, extrait de son opéra Lakmé. Lakmé, soprano, fille du prêtre d’un temple hindouiste, descend à la rivière avec sa suivante, Mallika, mezzo-soprano. Elles se réjouissent d’aller cueillir des lotus bleus près des cygnes couleur de neige.
La soprano Sabine Devieilhe et la mezzo-soprano Marianne Crebassa unissent leur voix, portées par le flot musical de l’orchestre Les Siècles, sous la battue chaloupée et fine de François-Xavier Roth :
Gioachino ROSSINI
Un autre duo féminin, qui risque quelque peu … de chambouler vos habitudes : le Duo des chats de Rossini, avec la contralto Marie-Nicole Lemieux et la soprano Patrizia Ciofi, accompagnées par l’Orchestre national de Montpellier Occitanie, sous la direction d’Enrique Mazzola . Les paroles ? Des miaous savamment dosés et enlevés !
Crêpage de chignon, batifolage, coups de griffes ou pattes de velours ? En tout cas, un duo vocal peu courant et assez réjouissant !
Samuel BARBER
Nos proches, on les aime autant qu’ils nous énervent. Certains, en ce moment, sont peut-être un peu trop présents, ensembles sous le même toit, tandis que d’autres, en raison de l’éloignement forcé, nous manquent. On pense aussi à ceux qui luttent pour leur vie, en unités de soins intensifs, et on se demande si ce monde, le nôtre, n’est pas devenu fou.
Alors, pour mettre du baume sur nos cœurs meurtris, voici le sublime Adagio de Barber. D’abord écrit pour quatuor en cordes, le compositeur américain en fit une version pour orchestre, à la demande d’Arturo Toscanini, en 1938, puis une version pour choeur en 1967, sur les stances latines de l’Agnus Dei. Ce grand crescendo musical, qui puise profond dans les tréfonds de l’âme pour y chercher -et y trouver- une raison d’avancer, se conclue par un lumineux Dona nobis pacem, donne-nous la paix :
Cloîtrés à la maison, il nous reste la musique pour nous évader. Voici une première série de prescriptions musicales pour temps de confinement.
Confiné.e, en télé-travail, avec un repas à cuisiner, du linge à étendre et des enfants énervés ? Mmm, il va falloir détendre tout ça ! Voici une sélection toute en douceur de morceaux de musique qui vont vous réconcilier avec la vie…
Mozart À commencer par … le divin Mozart. À 30 ans, il écrit son 23e concerto pour piano, dont l’adagio, le mouvement lent central, nous transporte ailleurs. Tout y est : la maîtrise, la beauté, la tendresse, l’amour de la vie malgré ses difficultés. Ah, l’arrivée de l’orchestre qui vient « cueillir » le soliste à la fin de son énoncé ! Et la petite harmonie (les bois de l’orchestre) qui ouvre la partie centrale, avec le commentaire à la clarinette ! Voici quelques minutes … en apesanteur.
Évidemment, il y a un autre mouvement lent de Mozart de toute beauté : celui de son concerto pour clarinette, composé la dernière année de sa vie. Là encore, le thème est juste unique. Le soliste flirte avec l’orchestre. La virtuosité est brillante mais pas bruyante … Et on sent dans le discours de la clarinette toute l’amitié et le lien maçonnique qui unissaient Mozart et le clarinettiste Anton Stadler. Certains d’entre vous vont certainement voir défiler des images d’Out of Africa …
Tchaïkovski Et pour rester encore un peu en suspension, rien de mieux qu’un extrait de ballet de Tchaïkovski. Casse-noisette en l’occurrence, et sa merveilleuse Danse de la Fée Dragée. Ou comment faire dialoguer les sonorités cristallines du célesta avec le timbre chaud et profond de la clarinette basse …
John Williams Du coup, qui dit célesta dit … Hedwig’s Theme, de Harry Potter ! Vous savez, Hedwige, la jolie chouette blanche de l’Apprenti sorcier … Composé par le grand John Williams, ce thème vous donnera envie, qui sait, de visionner les 7 films avec vos enfants !
Schumann Et pour redescendre un peu sur terre mais pas complètement : Mondnacht, de Robert Schumann. Un Lied (mélodie) extrait du Liederkreis (cycle de mélodies), composé sur un poème de Joseph von Eichendorff, et qui parle de suprême félicité, un soir de pleine lune, entre le ciel et la terre. Là aussi, moment suspendu. À croire même que le chanteur et le pianiste se retiennent de respirer …
Es war, als hätt’ der Himmel die Erde still geküßt | Daß sie im Blütenschimmer von ihm nun träumen müßt’.
C’était comme si le ciel avait en silence embrassé la Terre | Et qu’elle, dans la lueur des fleurs, ne pouvait rêver que de lui.
Schubert Un an avant sa mort, à l’âge de 31 ans (et oui, 4 ans plus jeune que Mozart), et déjà très malade, Schubert compose une magnifique page de musique, sans doute basée sur la chanson suédoise « le soleil se couche » : le mouvement lent de son 2ème trio, opus 100. Là aussi, cette musique intemporelle a illustré un film : Barry Lyndon, de Stanley Kubrick.
Debussy Allez, un dernier morceau qui lui aussi laisse s’exprimer la félicité, si difficile à mettre en mots : le Clair de lune de Debussy, extrait de sa Suite Bergamasque. Tout d’abord intitulée Promenade sentimentale, cette pièce, à l’origine pour piano, a été orchestrée par André Caplet en 1922. De nouveau un morceau qui servit de musique de film, comme dans Ocean’s Eleven, de Steven Soderbergh.
Pianiste et compositeur, Franck Amsallem avait exploré, dans de précédents disques, les standards du jazz. En solo et étant par ailleurs chanteur dans Amsallem Sings (2009), puis en trio et encore chanteur dans Franck Amsallem Sings Vol. II (2014), et à nouveau en solo dans le coffret collectif At Barloyd’s (2018). Pour Gotham Goodbye, c’est en quartette et avec huit de ses compositions – et une reprise de Last Night When We Were Young, d’Harold Arlen et Yip Harburg, 1935 – qu’Amsallem révèle à nouveau tout son talent. Dans ses doigts, une bonne partie de l’histoire du piano jazz, un délié expressif, l’exactitude du choix des notes. Dans son écriture, une lisibilité, une évidence mélodique à la manière, justement, des standards. Le saxophoniste Irving Acao, le contrebassiste Viktor Nyberg et le batteur Gautier Garrigue constituent de remarquables compagnons d’élans swing (From Two To Five, Gotham Goodbye, From Twelve To Four) et d’aériennes ballades (A Night in Ashland, In Memoriam). Sylvain Siclier
En quatorze chansons avec grand orchestre cette suite lyrique retrace la vie d’une femme, de la vie à la mort, en passant par l’enfance, l’adolescence, l’amour, la maternité et l’âge mûr.
Nathalie Dessay l’a enregistrée chez Sony et souhaite faire vivre cette oeuvre en concert. Encore faut-il trouver des orchestres prêts à partir à l’aventure ! Nous sommes très heureux, chez Castel Production, d’y travailler, pour qu’une belle tournée voit le jour en 2020/2021.
Franck Amsallem Gotham Goodbye 1 CD Jazz & People / Pias
NOUVEAUTÉ. Vingt ans après son retour de New-York et après dix ans consacrés à l’interprétation chantée de standards, le pianiste revient au saxophone quartet. Un coup de maître !
Selon Franck Amsallem, un bon répertoire se doit de faire sonner et jouer un orchestre. C’est bien ici le cas : un son qui chante, un orchestre qui sonne. Le seul standard, Last Night When We Where Young, effleuré, à la limite de l’évanescence, s’impose pourtant comme une évidence. Le reste est de la plume du leader avec cet art du « faussement moderne » qu’il revendique, que l’on retournerait bien en « faussement classique » dans sa façon de jouer des vertiges de l’asymétrie tout en préservant notre équilibre par la limpidité des motifs mélodiques qui se déploient par transposition, brefs et soudains envols, cascades et réitérations variées … Puis le piano se jette à l’eau, en se jouant des vagues, porté par le ronronnement régulier du moteur-contrebasse et l’hélice du batteur qui bat le droit sillage d’une écume sonore constamment renouvelée. S’élève soudain un saxophone goéland dont la belle sonorité assure une portance splendide, tout en garantissant la continuité du répertoire par sa façon d’en décoller et d’y ré-atterrir. Alternance de couleurs rythmiques, de tempos et de climats, du pas de deux piano-contrebasse, ponctué d’un discret lamento du ténor, aux deux blues que constituent une second line alertement boiteuse et l’abstrait sinuosité d’un simple « douze mesures » où le saxophone a des accents de « doux honker » stimulé par un piano monkien. Le reste est d’un même régal. Franck Bergerot