Guy Touvron : trompette à la Schola Cantorum
Dans la célèbre institution de la rue Saint-Jacques à Paris, le disciple de Maurice André s’était entouré d’amis et de confrères pour un concert éclectique réunissant notamment Haendel, Delibes, Satie, Lehar…
Emission impeccable, contrôle des timbres, des nuances et de la sonorité : ce fut d’abord une vivante leçon, prisée tant des mélomanes que des étudiants venus en nombre. Qu’il use d’une trompette en si bémol, d’un bugle ou d’un cornet, le triple vainqueur des concours de Genève, de Prague et Munich s’avère constant de maîtrise, technique et musicale. Débutant avec l’air du Messie (« For the trumpet shall sound, and the dead shall be raised… », tissé sur le premier Epître aux Corinthiens), le programme émeut avec le vibrant aria de Rinaldo, « Lascia ch’io pianga », puis triomphe dans la Suite en ré, toujours de Haendel. A l’orgue Cavaillé-Coll de la salle César-Franck, rappelant les heures de Saint-Eustache, un Jean-Paul Imbert glorieux.
Mais troquant ces claviers contre celui d’un piano, la bande, soudain, se transporte au Second Empire, à la Belle Epoque, qui s’amuse bientôt dans l’esprit du caf’conç’. Puisé à la source, le Pas des voiles de Delibes, la Diva de l’Empire de Satie (1904), imprégnée de rag-time, si bien chantée qu’on en ouïrait les paroles, précèdent l’air de Vilja de La Veuve joyeuse, le Parlez-moi d’amour “con sordino” de Jean Lenoir, ancien élève de Louis Vierne en ces murs… Entre Dans la vie faut pas s’en faire du tandem Christiné-Willemetz et Frou-frou (cette histoire de femme, rappelons-le, de culotte, de bicyclette et de zouave), vient un medley en hommage à Trenet où Montand se distingue au coin d’un grand boulevard – Michel Glasko, accordéon, parfait de vocalité ; Bruno Membrey, pianiste autant que chef d’orchestre – le tout enlevé avec ce je-ne-sais-quoi de chic parisien, de justesse des plans, d’équilibre : l’expérience cumulée de 6 000 concerts et d’un métier achevé. Ambiance, quoi… chez Charles Bordes et Vincent d’Indy ! Acclamations du public, et sourire complice de Michel Denis, directeur général de l’Ecole. Frédéric Gaussin