Franck Amsallem
Gotham Goodbye
1 CD Jazz & People / Pias
NOUVEAUTÉ. Vingt ans après son retour de New-York et après dix ans consacrés à l’interprétation chantée de standards, le pianiste revient au saxophone quartet. Un coup de maître !
Selon Franck Amsallem, un bon répertoire se doit de faire sonner et jouer un orchestre. C’est bien ici le cas : un son qui chante, un orchestre qui sonne. Le seul standard, Last Night When We Where Young, effleuré, à la limite de l’évanescence, s’impose pourtant comme une évidence. Le reste est de la plume du leader avec cet art du « faussement moderne » qu’il revendique, que l’on retournerait bien en « faussement classique » dans sa façon de jouer des vertiges de l’asymétrie tout en préservant notre équilibre par la limpidité des motifs mélodiques qui se déploient par transposition, brefs et soudains envols, cascades et réitérations variées … Puis le piano se jette à l’eau, en se jouant des vagues, porté par le ronronnement régulier du moteur-contrebasse et l’hélice du batteur qui bat le droit sillage d’une écume sonore constamment renouvelée. S’élève soudain un saxophone goéland dont la belle sonorité assure une portance splendide, tout en garantissant la continuité du répertoire par sa façon d’en décoller et d’y ré-atterrir. Alternance de couleurs rythmiques, de tempos et de climats, du pas de deux piano-contrebasse, ponctué d’un discret lamento du ténor, aux deux blues que constituent une second line alertement boiteuse et l’abstrait sinuosité d’un simple « douze mesures » où le saxophone a des accents de « doux honker » stimulé par un piano monkien. Le reste est d’un même régal.
Franck Bergerot