Analyste financier dans une tour de la Défense, près de Paris, Olivier Korber sort son premier album, consacré à Chopin. Rencontre.
Banquier côté face. Pianiste de concert côté pile. C’est la double vie d’Olivier Korber. À 33 ans, ce jeune banquier, professeur à l’université Paris-Dauphine, débute une carrière de soliste au piano. Un parcours rare dans un univers où les musiciens ne quittent pas le clavier depuis leur tendre enfance.
C’est sur l’esplanade de la Défense, dans les Hauts-de-Seine, à un jet de pierre de la Grande Arche, que nous rencontrons Olivier Korber. Fines lunettes, barbe courte et regard brun, le jeune banquier nous rejoint au pied de la tour qui abrite le siège de son entreprise. « Vous êtes ici sur mon lieu de travail, dans la finance », sourit-il.
Avec ses 35 étages de verre et de béton et son architecture tout en angle, le bâtiment renvoie plutôt au « space opera » qu’à la musique classique. Olivier Korber acquiesce : « C’est complètement déconnecté et compartimenté de ma vie musicale. C’est ici que je suis lorsqu’il fait jour. Le piano, c’est un peu plus souvent lorsqu’il fait nuit. »
La finance : par goût et pour vivre
Analyste en salle des marchés, Olivier Korber écrit des articles pour sa banque ou pour des clients et enseigne à l’université Paris-Dauphine. Il dit avoir choisi l’économie par goût et parce que c’était le plus sûr moyen d’en vivre. Mais la passion du piano ne l’a jamais quitté : il a commencé à en jouer à 8 ans et est entré au conservatoire à 14 ans. « J’ai été ‘dans le circuit’ lorsque j’étais au conservatoire à Paris, se souvient-t-il, mais c’était avant 2003. Donc, pendant 10 ans, j’ai un peu, voire complètement disparu », confie le pianiste.
J’avais vraiment envie de rejouer en public.à franceinfo
Il se remet donc au piano dès la fin de ses études. D’abord seul, puis avec un professeur depuis 2016 : « J’ai retrouvé mon niveau d’avant, j’ai même fait des progrès », raconte le jeune homme.
Une organisation millimétrée
Olivier Korber a le bonheur de sortir ce mercredi son premier album. L’opus 25 de Frédéric Chopin : 12 Études qui montrent toute l’ampleur de la créativité du maître polonais, de l’intimité à la colère, en passant par la crépusculaire 11e Étude. Cette double vie ne va pas sans une organisation millimétrée : « J’ai besoin d’une quinzaine d’heures de travail par semaine »,indique-t-il.
J’ai basculé mon travail de l’instrument du soir vers le matin pour avoir une fraîcheur d’esprit, une fraîcheur physique et une plus grande créativité.à franceinfo
« Des choses sur lesquelles on pouvait buter le soir vont se résoudre par magie le matin. Si j’ai bien travaillé une heure le matin, je me sens beaucoup plus serein », poursuit Olivier Korber qui a accepté de s’installer, pour quelques minutes, devant un piano de concert à la Maison de la radio, dans le 16e arrondissement de la capitale.
« Parfois, il y a une petite opportunité qui passe. Si bien qu’étant vraiment attentif à toutes les possibilités que le monde peut offrir, on peut sans doute faire beaucoup plus qu’on aurait pu le parier initialement », se réjouit Olivier Korber, qui a donné son premier concert à l’occasion de la sortie du disque. C’était dans l’auditorium de la tour de la Défense où il travaille.